Le stade Houphouët Boigny, que l’on appelle aussi le « Félicia » accueillait la finale du tournoi de football des Jeux de la Francophonie 2017. Cette enceinte mythique, située dans le quartier du Plateau au nord de la ville, aura vu la victoire du Maroc sur la Côte d’Ivoire (1-1 puis 6 t.a. b à 7).
Le « Félicia » a traversé les époques au gré des nombreuses rénovations. Critiqué ces dernières années pour sa vétusté et la mauvaise qualité de sa pelouse, il a tiré sa révérence lors de la finale des jeux perdue par les Elephanteaux.
Alors que la Cote d’Ivoire accueillera la Coupe d’Afrique des Nations en 2021, le « Félicia » sera démoli et remplacé par une enceinte flambant neuve de 60.000 places. Partons à la découverte d’un stade qui a connu plus de peines que de moment de joie et faisons connaissance avec celui qui le remplacera, le stade olympique Ebimpé.
Présentation du stade Houphouët-Boigny
Avant d’être renommé Houphouët-Boigny, le stade portait le nom de Géo André. Il a été rénové en 1964 à l’occasion des jeux d’Abidjan.
En 1984, la Côte d’Ivoire organise la CAN. Le stade Houphouët-Boigny accueille plusieurs matchs de la compétition. Il ne portera pas chance aux Elephants, qui finiront 3èmes de leur poule. Cette année-là, la Coupe d’Afrique sera remportée par le Cameroun de Roger Milla.
En 2009, la Côte d’Ivoire accueille le Championnat d’Afrique des Nations. Les Elephants termineront derniers de leur poule en n’ayant marqué aucun but. La victoire finale ira à la République Démocratique du Congo.
Mars 2009 : incidents lors de Côte d’Ivoire-Malawi
Quelques jours après la finale du Championnat d’Afrique des Nations, le stade accueille un match entre les Éléphants et le Malawi, comptant pour les qualifications à la Coupe du Monde 2010. Malgré une victoire sans appel des Éléphants (5-0), la rencontre a été gravement endeuillée.
L’effondrement d’un portail d’accès au stade, sous la pression de supporters mécontents de ne pas avoir eu de billet, a provoqué une grave bousculade. L’intervention de la police, qui s’est faite à coup de gaz lacrymogène, a fait 20 morts.
Altercations lors des Jeux de la Francophonie 2017
Alors qu’il vivait l’un de ses derniers matchs officiels, la finale du tournoi de football entre le Maroc et la Côte d’Ivoire, le stade Houphouët-Boigny a été une nouvelle fois le théâtre de débordements. Sur l’esplanade, les affrontements entre Marocains et Ivoiriens ont forcé la police à disperser les supporters à l’aide de gaz lacrymogène.
Les émanations ont envahi le stade et les supporters, pris de panique, ont forcé les grilles d’accès à la pelouse pour prendre refuge sur le terrain. Le coup d’envoi a été retardé de 20 minutes. La rencontre, quant à elle, a été interrompue par l’arbitre après à peine 5 minutes de jeu à cause de l’odeur persistante du gaz.
Le stade Ebimpé, un vieux serpent de mer
Selon Alain Lobognon, ancien ministre des sports ivoirien, le projet d’un stade olympique était dans les cartons depuis le milieu des années 70. Ce projet n’a jamais vu le jour, le pays se contentant de relifter le stade Houphouët-Boigny à intervalle régulier. Toutefois, en 2011, le nouveau président Alassane Ouattara a décidé de remettre le projet sur le tapis, dans l’optique d’obtenir l’organisation de la CAN.
La construction du nouveau stade a été possible grâce à un don de 67 milliards de Francs CFA de la part de la Chine. Le financement est à 100% chinois, à l’exception des droits du sol et l’aménagement des voies d’accès, qui reviendront à la Cote d’Ivoire. L’étude préliminaire a été faite par l’institut de design architectural de l’Université de Beijing. La maîtrise d’œuvre, quant à elle, a fait l’objet d’un appel d’offres en Chine.
Le projet architectural retenu par l’état ivoirien est une enceinte de 60.000 places avec une toiture en membrane qui ressemble étrangement au fameux « Nid d’Oiseau » de Pékin. Le stade se situera à 20 km au nord d’Abidjan, dans la commune d’Ebimpé, sur un site de 27 hectares. L’état ivoirien prévoit aussi d’y construire des hébergements à proximité afin de dynamiser la zone.
Le premier coup de pelle du stade olympique Anyama-Ebimpé a été donné par le premier ministre Daniel Kablan Duncan le 22 décembre 2016. Les travaux doivent s’étendre sur un peu moins de 3 ans. Il devrait être opérationnel à l’horizon 2019. Par la suite, deux nouvelles enceintes seront construites : à San Pedro et à Korhogo
La Côte d’Ivoire assoit sa puissance
En Afrique comme dans le reste du monde, la politique et le sport sont intimement liés. Alassane Ouattara se situe dans la lignée des grands bâtisseurs, comme le furent Félix Houphoët-Boigny, ou Henri Konan-Bédié, à qui on doit notamment le pont Riviera-Markory reliant les communes de Marcory à Cocody.
Une fois l’enceinte terminée, la Côte d’Ivoire aura le plus grand stade d’Afrique de l’Ouest, ce qui accentuera le rayonnement du pays, entré de plain-pied dans la modernité. Le Sénégal, principal rival régional, a toujours un pied dans l’Ancien Monde. Le stade Leopold Sedar Senghor, malgré ses 60.000 places, date des années 80. De plus, il est loin de présenter les meilleures garanties en termes de sécurité.
L’aspect sécuritaire a été au centre des discussions lors du projet de construction du stade. De ce côté-là, la Côte d’Ivoire a su faire preuve de tempérance. Au départ, le président Ouattara voulait un stade de 100.000 places. Mais, après plusieurs réunions, il en est ressorti qu’il coûterait trop cher à entretenir et que les forces de police auraient du mal à faire régner l’ordre en cas de problème. Le président a donc opté pour une enceinte plus petite. Une décision qui montre que la Côte d’Ivoire a fait un grand pas vers la maturité.